Godefroy de Bouillon, né vers 1058 dans le Brabant (Belgique actuelle) fut le vainqueur de la première croisade. Le 15 juillet 1099, défiant la tempête de flèches et de feu qui l’assaillait, il fut le premier à atteindre les murailles de Jérusalem, éteignant dans le sang toute résistance des musulmans. La Ville Sainte, occupée par l’Islam, fut ainsi rendue pour quelques temps à la Chrétienté.
Guerrier sans reproche et sans peur, il incarne la vocation à l’héroïsme de la Belgique, et, de façon plus générale, de l’Occident chrétien. Le château où il vécut se dresse sur un éperon rocheux en Wallonie, aux frontières du Luxembourg, tandis qu’une statue a été érigée devant le Palais Royal de Bruxelles. Et c’est pourtant dans ce Palais Royal qu’advint précisément, il y a quarante ans, la première capitulation de l’Europe face à l’Islam. Giulio Meotti, dans “Il Foglio” du 21 mars, rapporte qu’en 1974, le gouvernement belge fut le premier pays européen à reconnaître officiellement la religion islamique et le roi Baudouin donna le Pavillon du Cinquantenaire, tout proche du quartier général de l’Union Européenne, à l’Arabie Saoudite qui le transforma en la Grande Mosquée du Cinquantenaire.
Dans cette mosquée, rappelle encore Meotti, se sont formés des imams tels que Rachid Haddach, l’un des prédicateurs salafistes les plus populaires aujourd’hui à Bruxelles. Et, comme l’indique à son tour Felice Dassetto dans son ouvrage L’iris et le croissant (Presses Universitares de Louvain, 2011) : en 1983, un décret royal approuva l’installation à Bruxelles de la Loi Islamique Mondiale, organisation saoudienne ayant pour objectif la diffusion du panislamisme. Les saoudiens offrent encore chaque année un million d’euro aux vingt mosquées du quartier djihadiste du Molenbeek, dans une ville devenue désormais la capitale de ce que l’on appelle le “Belgistan”.
Bruxelles, ville où l’islam est déjà la première religion, ville où, dans les écoles, les effectifs de l’enseignement de la religion musulmane ont dépassé ceux de la religion catholique, où un citoyen sur trois est musulman, et où le nom le plus répandu parmi les nouveaux résidents sur les registres d’état civil est Mohammed. A Bruxelles seuls sept mariages sur cent sont catholiques, les enfants baptisés représentent uniquement 14,8% et les funérailles catholiques 22,6%. En 2035, elle sera à majorité musulmane, avec l’aide des autorités politiques et religieuses municipales. Et pourtant les attentats du 22 mars marquent l’échec définitif de l’utopie multiculturaliste.
Quelles sont les causes qui ont pu mener à ce colossal aveuglement ? La réponse à cette question réside dans le relativisme. Toute la classe politique qui est à la tête l’Occident, de gauche à droite, dans chaque pays, est plongée dans le relativisme. Le relativisme a mené à l’introduction de l’avortement, de l’euthanasie et du pseudo mariage homosexuel, approuvé ou en voie d’approbation, même dans les pays de vieille tradition catholique. Pour le relativisme l’ennemi principal c’est la vision du monde de ceux qui affirment l’existence d’un ordre de valeurs absolu et immuable, vision définie comme “fondamentaliste”.
Pour les relativistes, il ne faut pas confondre les musulmans et encore moins les immigrés, avec le fondamentalisme des terroristes. Mais s’il est vrai que tous les musulmans ne sont pas des terroristes, il est vrai aussi que tous les vrais musulmans sont, et ne peuvent qu’être, fondamentalistes, si on entend par fondamentalisme l’adhésion pleine, convaincue et cohérente au credo islamique. L’Islam modéré est une contradiction parce que si les musulmans se sécularisent et s’intègrent dans la société occidentale, ils cessent d’être musulmans ou deviennent des musulmans non pratiquants, de mauvais musulmans.
Un vrai musulman peut renoncer à l’usage de la violence, mais considère qu’elle est toujours légitime envers l’infidèle, parce que c’est là l’enseignement de Mahomet, et il ne peut que désirer de tout son coeur l’expansion de la sharia. L’Islam “dur”, terroriste, et l’Islam “mou”, immigrationiste, partagent cette même haine pour l’Occident et ce même objectif final : la conquête de Rome, capitale de leur ennemi pérenne, et la conversion du monde à la loi de l’Islam.
Les adeptes de l’Etat Islamique veulent atteindre cet objectif en alimentant des scénarios de guerre civile en Europe, les musulmans de la ligne molle en comptant sur le dépassement démographique. Selon Matteo Villa, chercheur de l’Ispi (Institut pour les études de politique internationale), les musulmans en Europe pourraient atteindre d’ici 2050 les 80 millions (Il Giornale, 26 mars 2016), auxquels viendraient s’adjoindre un nombre équivalent si la Turquie entrait dans l’Europe.
L’Islam est une religion de conquête, qui se répand dans le monde au travers de l’“hégire”, la “migration”, qui constitue l’autre visage du djihad, la “guerre sainte” contre les infidèles. Mgr Giuseppe Bernardini, alors évêque de Smirne, rapporta au Synode des évêques de 1999, ces paroles d’une éminente personnalité musulmane : « Par vos lois nous vous conquérons, par les nôtres nous vous dominerons”.
L’aspect de l’Islam qui doit nous préoccuper davantage n’est pas tant celui de la violence, des foreign fighters ou des kamikazes, établis dans le Molenbeek, mais bien celui des immigrés qui débarquent à Lampeduse. L’extension de la sharia au monde n’est pas uniquement l’objectif des musulmans terroristes, mais aussi celui de ceux qui, tout en refusant le terrorisme, vivent et pratiquent l’Islam en cohérence avec leurs principes et se proposent une conquête silencieuse de l’Europe.
Bruxelles, capitale des institutions européennes en désagrégation, est aussi la capitale de l’Eurabie en formation. L’Eurabie, comme l’explique Bat Ye’or, n’est pas seulement l’issue d’une invasion migratoire de l’Europe, mais aussi d’une transformation totale et d’un remodèlement de tout le continent :
« Cette transformation touche sa démographie, la perception de sa propre histoire, de sa propre culture, de sa propre civilisation, de ses propres lois et institutions, de sa propre politique et de l’ensemble de ces éléments qui modèlent son présent et déterminent son futur » (Comprendere Eurabia, Lindau, 2015, p. 98).
L’Eurabie, c’est l’hybridation économique, politique et religieuse, avec le monde arabe, par laquelle ce n’est pas l’Europe qui, avec sa culture et ses traditions, intègre l’Islam, mais c’est bien l’Islam qui absorbe la culture et le mode de vie européens.
La Belgique, qui constitue le ventre mou de l’Occident, s’est engagée depuis de nombreuses années sur la voie de l’Eurabie, et commence aujourd’hui à recueillir les fruits de cette stratégie vouée à l’échec. Mais elle reste la patrie de Godefroy de Bouillon, dont le souvenir est encore vivant dans la mémoire de ceux qui n’ont pas perdu la foi dans notre religion et l’espérance dans la renaissance de notre Civilisation. Seul Dieu connaît l’heure du réveil, fondamental, de l’Europe chrétienne.