La pédophilie dans le clergé, une crise morale et doctrinale

La pedofilia en el clero, una crisis moral y doctrinal

La diffusion de la pédophilie dans le clergé est l’une des nombreuses manifestations de la profonde crise morale qui a explosé dans l’Eglise dans les dernières décennies. Benoît XVI, qui dénonça la « perversité dans l’Eglise » lors du Chemin de Croix de 2005, a toujours tenu, dans de nombreuses déclarations, dont la Lettre aux catholiques d’Irlande du 19 mars 2010, une ligne très rigoureuse contre les abus du clergé, soulignant l’urgence d’une réforme morale de l’Eglise.

Il arrive cependant que la pédophilie soit instrumentalisée pour discréditer le clergé dans son ensemble et pour proposer comme solution du problème l’abolition du célibat. En réalité la pédophilie ne concerne qu’une partie minime du clergé et l’existence de prêtres pédophiles ne doit pas nous faire oublier qu’il y a des prêtres injustement accusés comme don Giorgio Govoni, un curé de la région de Modène, accusé par un assistant social, à la fin des années 90, d’être à la tête d’un groupe de “satanistes pédophiles”. La Cour de Cassation confirma en 2002 la sentence de la Cour d’Appel de Bologne selon laquelle le prêtre avait été injustement calomnié. Mais entretemps don Govoni, détruit par la honte, était mort d’infarctus dans le studio de son avocat le 19 mai 2000.

En outre, selon le sociologue Philip Jenkins, l’un des principaux spécialistes de la pédophilie dans le clergé, le nombre de prêtres condamnés pour abus sur mineurs varie, selon les zones géographiques, de 0,2% à 1,7%, tandis que chez les ministres protestants il va de 2 à 3%. Aux Etats-Unis, en particulier, la présence de pédophiles est de deux à dix fois plus importante parmi les pasteurs protestants que chez les prêtres catholiques. Les statistiques sont importantes, car, étant donné que les pasteurs protestants se marient, elles démontrent bien que le problème n’est aucunement lié au célibat des prêtres. Une autre étude du John Jay College of Criminal Justice de la City University of New York, cité par le sociologue Massimo Introvigne, atteste que plus de 80% des prêtres incriminés pour pédophilie s’avèrent d’orientation homosexuelle. Et cela vient confirmer que, même sans mettre sur le même plan homosexualité et pédophilie, la solution du problème ne réside pas dans le mariage des prêtres.

Il faut dire aussi qu’à l’intérieur de l’Eglise catholique, s’est répandue une culture relativiste et hédoniste et qu’il y a aujourd’hui des séminaires, collèges et instituts religieux  où l’on considère l’homosexualité, ou du moins une tendance homosexuelle, comme sans importance sur le plan de la morale et pacifiquement tolérée. Mais l’homosexualité, qui à la différence de la pédophilie, n’est pas une infraction, reste un péché grave pour l’Eglise catholique et sa diffusion dans le clergé devrait provoquer dans la hiérarchie ecclésiastique une allarme qu’il n’y a pas eu jusqu’à présent.

Le véritable problème réside dans le fait que la crise morale de l’Eglise va de pair avec la crise doctrinale qu’elle traverse. Au lieu de convertir le monde à la loi de l’Evangile, l’Eglise semble vouloir plier l’Evangile aux exigences du monde. C’est la route que semble indiquer l’Exhortation Amoris laetitia du pape François, dont l’équivoque de fond consiste précisément en cela :  l’illusion qu’en accueillant avec “miséricorde” les tendances immorales de la culture contemporaine, c’est la société et non l’Eglise qui renonce à son identité.